En marchant dans la rue, on laisse traîner une main sur le côté, au hasard de ce qu’on pourra bien longer : mur, grillage, palissade, haie. On passe de la douceur de la brique à la rugosité du crépi, les doigts s’engourdissent au fur et à mesure ; tout à coup ils rebondissent sur les barreaux d’une barrière, les losanges d’un grillage, d’où sort parfois du feuillage, qu’on attrape au passage. Souvent, les parents, la maîtresse, râlent mollement, pour le principe. « Ah non, arrête d’arracher les feuilles ! Et puis regarde ta main, elle est toute noire ! ». On fait comme si on n’avait pas entendu, ils n’insistent pas. Ils n’ont peut-être pas oublié.